Le texte d'Elisabeth

Jour de fête


Le jour de la Saint Daïkon, Héliathis invitait toujours le gratin du Tétragone.

Cette année, lui et son frère Abatis, badigeonnés de gombo, se doraient la couenne sur des rondins de gîte tandis qu’assis sur des grenadins, les jambonneaux étuvaient car le palais était un vrai fourneau. Chaque année, après avoir mouillé leurs bardes, ces coquilleurs juraient de ne jamais revenir car ils se faisaient vraiment trop suer. Aneth, une courge gland un peu pincée, se faisait régulièrement chemiser par un fricandeau qui lui triturait les lollos sans l’entrelarder. Sur qu’elle lui braiserait le pâtisson, pour lui gratiner les croûtes, à cette épluchure de champignon, et qu’elle lui farcirait bien un œuf au beurre noir. Dans un coin, les chinois, un peu fécule, troussaient Duxelle et Béchamel tandis que les harengs, à la portière, rissolaient Alose déglacée. Quelle bisque ! Même dans Ficoïde Glacial, ils ne monteraient pas un pourpier pareil !

Ça bouillottait forcément dans les garbures. A côté du bar, Corne de Cerf panait un potimarron aux matelotes qui avaient mis Saindoux en pommade. Dehors, les croûtes au pot, vraies pochés-panés, consommaient un velouté de rascasse avant de déglacer leur bar bouilli dans une casserole sauteuse.

Alertés par les voisins, les rutabagas durent venir réduire le grondin. Face à l’émeute, ils commencèrent à balancer des roquettes dans le bouillon pour dégraisser un peu. Après l’assaut, ils fouettèrent les restes en gelée et les placèrent au fond d’un cerfeuil. Ceux qui avaient survécu purent rentrer chez eux non sans avoir passé la fin de la nuit au frais


Elisabeth

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